Tourner en rond [PV : Azel] (2025)

Le temps s’éternisait à l’hôtel California et de mon côté, je n’avançais pas. J’avais beau chercher, je ne trouvais rien, pas le moindre indice qui aurait pu me permettre ne serait-ce qu’un début de piste. Rien, nada, niet. Le vide intersidéral. Maudits démons qui régissaient cet hôtel… Je sentais également mes pouvoirs nettement amoindris et cela ne me plaisait pas de me sentir à la merci de ces créatures infernales. Je commençais même à me demander si Era pouvait avoir une quelconque influence dans cet hôtel… J’avais beau l’invoquer, je ne ressentais pas sa présence, son aura réconfortante. J’allais devoir me débrouiller seul ou bien tenter de trouver des anges alliés dans ce nid de démons. Il y en avait, je le savais, j’avais déjà eu l’occasion de rencontrer Adriel et j’ai entendu parler d’une certaine Lasdael dont le nom a une consonance angélique. En rassemblant les anges, nous aurions certainement plus de chance de trouver une solution et d’affronter les forces du mal qui régissent cet hôtel.

Je tournais en rond comme un lion en cage dans cet hôtel. La lumière du jour me manquait cruellement. Depuis combien de temps étais-je là ? Je n’en avais pas la moindre idée… J’avais l’impression que cela faisait une éternité ! Alors qu’en réalité, cela ne devait faire que quelques jours ? Je cherchais après je ne sais quoi dans la salle à manger, tentant désespérément de trouver quelque chose qui saurait m’éclairer, je trouvais un livre de recette de cuisine, le feuilletais sans rien y trouver qu’un petit bout de papier qui avait dû faire office de marque pages et qui sur lequel était écrit des louanges à ce maudit Lord Asteb. De le voir ainsi glorifier me mis en colère et de rage et de frustration, je jetais le livre sur le sol.

[ Lancé de dé au prochain post pour voir si le fait d'avoir jeter le livre au sol a une quelconque incidence... ]

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'Réussite action' :

Gaston voit alors une page sortir du livre : la page 2 du livre bleu :
“Era me pardonne, je n’ai pu rester indifférent à la souffrance de ma protégée : Marie. La voir se détruire à petit feu, attendant la fin m’était insupportable. Je ne pouvais la bénir et la rendre fertile. Je ne pouvais lui apporter le mari idéal non plus. Alors, j’ai pris la décision d’utiliser mes dons pour prendre une forme humaine : celle d’un petit garçon. Désormais je serai Thomas, petit orphelin. Je connais son bon coeur : je n’ai aucun doute sur le fait qu’elle m’adopte vite et retrouve une vie heureuse. “

Je me baladais dans les couloirs, comme n'importe quelle résidente que je devais feindre être. J'aurais sans doute été me prendre un bon bain si je n'avais pas remarqué la présence d'un "vrai" résident dans la salle à manger... Ce dernier jeta un livre de recette par terre. Que diable avait-il contre les ouvrages ? J'avais vu des personnes perdre les pédales mais pas pour si peu. Il devait être au bout du rouleau. C'était très intéressant pour moi. J'entrais dans la pièce, le vis se concentrer sur l'ouvrage. Je ne pus m'empêcher de penser que j'avais affaire à un fétichiste des livres et lui dis d'une voix amusée :

" Je trouve aussi que leurs recettes insipides méritent d'être balancée par la fenêtre. Vraiment, ces ouvrages seraient plus utiles en guise d'arme ou de cale porte, ne trouvez-vous pas monsieur...? "

J'essayais de faire les présentations, quand bien même il était un ange. Il était toujours bon de faire plus ample connaissance avec tous les membres du jeu. Qui sait, même un ange pouvait réserver des bonnes surprises. Il y avait une chance su un million, mais ce n'était pas zéro et cette chance retenait mon attention. J'aimais dénicher les exceptions. Si je n'étais pas joueuse, tout ceci n'aurait pas lieu.

Allait-il être tout ce qu'Era faisait de pire ou non ? Le suspens était à son comble.

HRP[Vraiment désolée comme je n'avais pas répondu j'avais TOTALEMENT oublié ce sujet. ]

En jetant rageusement le livre par terre, je vis une page en sortir. Je haussais un sourcil, perplexe et me penchait pour ramasser le livre et la page mystérieusement arrachée dont le premier mot su attirer toute mon attention : Era ! Cela me fit comme un électrochoc et je m’empressais bien évidemment de lire la suite. Lorsque j’eu fini de lire la page, je la tournai dans l’espoir d’y lire une suite ou autre au verso, en vain. Je restais planté là, avec cette page qui m’en disait à la fois trop et pas assez.

S’il y avait bien une chose dont j’avais la certitude était que ces mots avaient été rédigés par un ange. Un ange qui a défaut de pouvoir exaucer les prières de l’humaine sur qui il veillait avait apparemment décidé de prendre l’apparence d’un enfant humain pour y répondre favorablement. Era était-elle au courant ? Aurait-elle approuvé ce choix ? Probablement pas… Mais là n’était pas la question. Ce petit Thomas était donc un ange déguisé en enfant. Se cachait-il dans l’hôtel ? Sans doute, sinon pourquoi aurais-je trouvé cette page en ce lieu ? Il me fallait donc trouver ce “Thomas“ pour tenter de créer une alliance entre les anges. Et peut-être aussi pour en savoir d’avantage sur ce lieu et comment en sortir puisqu’il…

" Je trouve aussi que leurs recettes insipides méritent d'être balancée par la fenêtre. Vraiment, ces ouvrages seraient plus utiles en guise d'arme ou de cale porte, ne trouvez-vous pas monsieur...? "

Le cours de mes pensées fut subitement interrompu par les propos de cette jeune femme.

- Mm… Moui, oui… Répondis-je distraitement avant de toussoter dans mon poing pour tenter de retrouver un peu de contenance, quand je réalisais soudainement ce qu’elle venait de me dire. Un livre en guise d’arme ?

Il avait esquivé ma question sur son nom et préférait retenir le fait que l'on puisse se servir un livre en guise d'arme. Je souris en haussant un sourcil amusant avant de dire :

" Avec les molosses, tout est bon à prendre. Et puis, si ça peut leur remplir le crâne de nouvelles idées de plats à déguster... Ils n'ont peut-être simplement pas réalisé qu'ils sont végétariens. "

Je ris de bon coeur, bien satisfaite de ma petite blague. Ceci dit, je l'observais afin de déterminer s'il serait de ceux qui soupire à l'humour ou de ceux qui soupirent d'exaspération. Si j'avais été franche, j'aurai pu lui dire que le savoir est la meilleure des armes dans cet endroit et que même physiquement un livre ici était une des meilleures armes de l'hôtel mais je n'allais pas le spoiler alors qu'il n'avait rien fait pour gagner la moindre information. D'autant que je n'étais qu'une résidente, je n'allais pas le gâter... Puis je devais rester neutre. Je pouvais donner l'outil pour que les résidents réalisent leurs souhaits mais pas leur dire quoi faire. C'était tellement difficile, mais je tiendrai bon.

En parlant de tenir bon, je ne comptais pas le lâcher.

" Comment dois-je vous appeler, charmant monsieur ? "

Je le brossais dans le sens du poil juste pour voir comment il réagissait. Je le trouvais en réalité quelconque.

[Désolé, j'avais complètement oublié ce sujet! Merci de me l'avoir rappelé! ]

Finalement, elle ne parlait que d’utiliser le livre comme projectile contre les molosses. Je ne sais pas trop bien ce que je m’étais imaginé quand elle avait évoqué l’utilisation de livres comme armes, mais en tout cas, certainement pas ça. Cela la fit rire. Pas moi. Je fis au moins l’effort de ricaner un peu, même si je savais pertinemment que je n’étais pas convaincant. Je n’étais pas comédien après tout.

- Comment dois-je vous appeler, charmant monsieur ?
- Gaston. Et vous-même ?

Cette pauvre humaine devait me trouver particulièrement antipathique. Je n’étais pas trop d’humeur à rire à ses blagues grotesques qui ne me faisaient pas rire et à faire connaissance. J’étais préoccupé par le sort des résidents, par notre séquestration à tous… Ces pauvres humains s’imaginaient peut-être qu’il s’agissait d’une simple prise d’otage ou d’un jeu de réalité virtuelle sophistiqué, ils ne se rendaient pas compte de la gravité de la situation et à quel point leur vie était en péril.

En outre, je ne savais pas non plus à qui me fier. Je ne me sentais en confiance qu’avec mes semblables, les anges. Nous avions les mêmes priorités. Malheureusement, je n’avais rencontré qu’Adriel et je n’avais pas eu l’occasion de le revoir depuis un moment… J’avais également entendu parler de Lasdael, mais je n’avais pas eu l’opportunité de la rencontrer afin de définir s’il s’agissait d’un ange ou pas. Je tournais en rond. Je ne pouvais bien évidemment pas compter sur les démons et les humains n’étaient pas supposés être au courant de nos existences. Quand bien même ils l’étaient, les humains restaient des êtres facilement corruptibles. Dès lors, comment leur faire confiance ? Je me retrouvais face à une impasse. Tant que je n’aurais pas trouvé d’alliés, j’avais le sentiment que je ne pourrais pas avancer. De plus, je ne me sentais plus lié à Era en ce lieu. Et c’était dur, très dur…

En le poussant un peu, l’ange finit par se présenter sous le nom de Gaston. Je me demandais si son véritable nom était Gastiel ou Galadriel ? Peu importait. Il était surtout un homme de peu d’humour. Ce n’était pas avec lui que je peaufinerai mes blagues. Ceci dit, j’avais déjà Chat Noir qui était au top niveau sur ce point : cela compensait.

Il me demanda mon nom, je lui répondis avec naturel :

“ Azel. ”

Il aurait pu se poser la question de s’il avait face à lui un ange ou quelqu’un du genre… Mais il ne pourrait rien sentir. Je n’étais à priori qu’une humaine sans doute inintéressante à ses yeux d’ange supérieur. Maintenant que j’y repensais, on avait déjà joué ensemble lui et moi. Il avait déjà été rabat-joie avec le jeu action et vérité. Enfin, moi je pouvais m’en souvenir mais pas lui puisque je n’étais plus Zoé mais Azel.

Je le regardais et lui demandais :

“ Vous me semblez être un homme fort. Pourrais-je rester un peu à vos côtés ? Avec tous les molosses dans le coin, j’ai peur pour ma vie. On dit que certains ont péri récemment et je ne voudrais pas être ajoutée sur la liste... ”

Que j’étais une bonne comédienne : on aurait pu croire mes dires alors qu’intérieurement j’étais totalement hilare. Un ange pour me protéger : c’était la meilleure blague de la création.

La jeune femme s’appelait Azel. Son nom avait la consonance des prénoms angéliques, mais je ne percevais qu’une âme humaine. Après tout, ils n’étaient pas rares que des humains utilisent des prénoms qui finissent en « el » : Raphael, Gabriel, Ismael, Samuel… L’aura était plus fiable qu’un prénom. Aussi, est-ce pour cela qu’il me fallait absolument rencontrer cette Lasdael, afin d’en avoir le cœur net.

Pour l’heure, mon interlocutrice m’assimila à un homme fort. Ce n’était pas faux, même si dans ce lieu maudit, je ne me sentais absolument pas en position de force, bien au contraire… Quoiqu’il en soit, elle me demanda si elle pouvait rester un peu à mes côtés, car elle craignait pour sa vie avec tous ces molosses dont elle avait entendu dire qu’ils avaient causés la mort de certains résidents. Azel ne souhaitait pas allonger la liste des victimes en en faisant partie, ce qui m’apparaissait comme une décision sensée et sage.

- Oui, bien sûr. Affirmais-je en agrémentant ma réponse d’un signe de tête.

En tant qu’ange, je ne pouvais décemment pas refuser à un humain de lui porter mon aide. Et puis, cela me permettrait de me sentir un peu utile, car depuis mon arrivée à l’hôtel, j’avais beau faire, rien n’allait comme je le souhaitais. Mes pouvoirs étaient diminués, je peinais à trouver mes semblables et je me retrouvais mêlés à des démons en masse ! Si d’ordinaire, je m’assurais de les mettre hors d’état de nuire sans me compromettre, je n’étais pas en mesure de le faire ici. Cela aurait été du suicide et j’avais encore bon espoir de sortir d’ici, malgré tout.

- J’ai eu l’occasion de voir ces molosses, il est vrai qu’il est plus prudent de les éviter… Dites-moi Azel, cela fait longtemps que vous êtes ici ?

L’ange sous couverture accepta que je reste avec lui pour ma protection. Cela me confirma qu’il était de l’équipe des sauveurs de l’humanité - comme la majorité des anges bien éduqués par Era. Ce n’était pas un mal en soit, si cela ne les empêchait pas de prendre de bonnes décisions et l’esprit assez ouvert pour remettre en question le monde dans lequel ils évoluaient. Pourquoi étaient-ils tous aussi soumis à Era ? Être une divinité semblait leur suffire à lui obéir au doigt et à l'œil et ceci pour le peu de fois où ils la croisaient. C’était vraiment ridicule. D’un autre côté, cela devrait jouer un jour à mon avantage si cela était la seule raison de leur obéissance.

Je m’égarais dans mes pensées tandis que monsieur gros bras se mit à faire un brin de causette :

- J’ai eu l’occasion de voir ces molosses, il est vrai qu’il est plus prudent de les éviter… Dites-moi Azel, cela fait longtemps que vous êtes ici ?

Je n’allais pas faire l’effrontée et esquiver sa question par des devinettes. J’étais une résidente, je serai banale.

“ Non ça ne fait pas très longtemps. Je n’étais pas là lors de l’incident du théâtre dont j’ai eu vent. Par contre j’étais là pour la chasse aux œufs de Pâques et c’était quelque chose. ”

Je me doutais bien qu’il allait m’écouter avec intérêt, aussi je poursuivis sans trop en dire.

“ Pendant que je cherchais des œufs, nous avons vu une résidente disparaître et réapparaître comme par magie. Puis nous avons été évacués par le bras droit du Lord. Quand je vous dis que c’est dangereux, ce n’est pas que les molosses. Il y a des forces insoupçonnables ici. ”

Je fais celle qui avait vraiment peur alors qu’au fond, ceci m’était totalement indifférent. J’étais bien placée pour savoir tout cela et l’étendu de ce qui pouvait se passer ici. Le but était de le laisser faire son oeuvre en toute liberté mais de lui livrer quelques informations pour que cette session soit équitable. Bien sûr, il aurait été dans mon intérêt de ne pas aider un serviteur d’Era sans doute prêt à éliminer Beast mais je devais laisser la liberté à tous pour que mon plan fonctionne.

Tout comme le savent les plus sages : même nos ennemis ont un rôle à jouer le moment venu. Chaque pièce devrait être bien placée. J’espérais vraiment que cette fois, cela réussisse.

Azel n’était pas présente lors de l’événement du théâtre dont elle a cependant entendu parler. Elle ajouta cependant qu’elle était présente lors de la chasse aux œufs et que c’était quelque chose.

- Ah oui ? M’enquis-je pour lui faire comprendre que j’étais à l’écoute.

Je n’étais pas préparé à entendre ce que j’entendis. Elle m’expliqua que lors de sa recherche d’œufs en chocolat, elle avait assisté à la disparition puis à la réapparition soudaine d’une résidente comme par magie avant d’être évacué par le bras droit du Lord. Elle ajouta qu’en parlant de danger, elle ne pensait pas qu’aux molosses, précisant qu’il y avait des forces insoupçonnables. Et elle ne croyait pas si bien dire ! Pauvre humaine, si elle savait ! Elle en ferait certainement des cauchemars et n’en fermerait peut-être même plus l’œil de la nuit !

- Disparue ? Comment ça "disparue" ? Vous voulez dire comme par enchantement ?

A moins que cette résidente ait trouvé un passage secret par inadvertance et qu’elle se soit retrouvée dans une autre pièce sans que les autres n’aient le temps de le remarquer ? Il faudrait aussi que je me renseigne sur cette résidente, qui était-elle ? Peut-être pourrait-elle m’en dire plus au sujet de son étrange disparition et réapparition. J’attendrais qu’une occasion se présente afin de le demander à mon interlocutrice.

Quoiqu’il en soit, cette histoire ne me disait rien qui vaille…

L'ange voulait en savoir plus sur la disparition, évidemment. J'essayais de me souvenir des détails que je pouvais lui donner sans trahir mes propres notions des choses. Je fis mine de réfléchir et lui dis :

" Oui, vraiment. Je vais vous donner plus de détails, ce sera peut-être plus clair. En fait, j'étais avec une autre résidente à chercher des oeufs quand elle a trouvé un mécanisme ouvrant vers une pièce cachée. Dans celle-ci se trouvaient cette fille et d'autres résidents. A peine arrivée, Chat Noir nous a demandé si nous n'avions pas vu une certaine Katherine. De ce qu'il m'avait dit, elle avait récité un texte d'un livre et elle s'était volatilisée comme par magie. Puis, peu de temps elle était revenue aussi magiquement. "

Je haussais les épaules et lui dis :

" Je sais que ça semble fou. On aurait dit de la magie noire. Soit cet hôtel est le meilleur escape game jamais créé géré par des prestidigitateurs hyper talentueux, soit il va falloir bientôt envisager que le surnaturel n'est pas qu'un mythe. Franchement, j'ai entendu d'autres personnes parler aussi de fantômes. Je commence à me poser des questions. "

J'avais volontairement évité de lui parler de la fenêtre ouverte de la pièce. De toute façon, il ne servait à rien qu'il se donne l'énergie de retrouver cette pièce : elle n'existait plus. Comment le savais-je ? Parce que je l'avais fait disparaitre évidemment. Mais cela, personne ne pourra le savoir.

" J'espère que cela vous semble plus clair. "

La jeune femme détailla l’événement. Je l’écoutais avec beaucoup d’attention. La personne qui avait disparu était donc une dénommée Katherine. Elle n’était pas seule au moment des faits. Je me demandais intérieurement s’il s’agissait de la Katherine que je connaissais ou s’il s’agissait d’une autre résidente du même nom… Quoiqu’il en soit, je me renseignerais auprès d’elle. Ce qui était particulièrement surprenant et même inquiétant, c’est que cette personne avait lu un texte et s’était soudainement volatilisée, selon les dires d’Azel. Fort heureusement, elle était réapparue, aussi promptement, peu de temps après.

Azel se demandait s’il s’agissait d’un immense escape game mis en place par de talentueux prestidigitateurs ou s’il fallait commencer à prendre le surnaturel au sérieux. Elle évoqua même l’existence de fantôme.

- Oui, j’en ai déjà rencontré. Un fantôme. A moins que ce ne fut un hologramme doublé d’une mise en scène ? C’était une femme dans une serre. Assez antipathique et particulièrement désagréable, d’ailleurs… Elle ne parlait que par énigmes et devinettes, c’était particulièrement agaçant. Une certaine Zoé. Elle avait évoqué un certain Beast qui aurait faim et parlé d’une lune rouge qui allait bientôt apparaitre…

Pourquoi partageais-je ces informations avec cette étrangère ? Simplement parce que je doutais fort qu’elle en face quelque chose et que je ne voulais pas la laisser seule à évoquer les bizarreries de ce lieu. Il eut été regrettable que cette pauvre humaine ait le sentiment de devenir folle alors que c’était bel et bien cet endroit qui était une aberration ! D’ailleurs, je le lui fis savoir afin de la rassurer sur sa santé mentale.

L'évocation de moi-même manqua de me faire mourir de rire. Antipathique, désagréable, agaçante, conteuse d'énigmes. Oui : c'était très bien résumé pour une vision lambda. J'assumais, sachant bien que ma personne ne pouvait plaire à n'importe quel être céleste ou humain. S'ils avaient vécu la moitié de mon existence avec la moitié de ce que j'ai subi, je pense qu'ils seraient un rien plus indulgents... Mais j'ai une sainte horreur de m'étendre sur ma vie et je déteste encore plus me plaindre ! Je me contentais donc de feindre un mélange de surprise et d'admiration.

" C'est dingue tout ça. Moi j'ai toujours cru au surnaturel : si ça se trouve, ce n'est pas une blague. Ou alors on est morts sans le savoir et on est dans une espèce d'état second ? En tout cas, je serai bien curieuse de rencontrer ce fantôme ! "

J'avais bien envie de lui faire réaliser que Zoé n'était plus là, bien qu'il n'en aurait sans doute que faire puisqu'elle lui semblait agaçante.

" A votre avis, Beast c'est quoi ? Et la lune rouge ? Un genre d'éclipse ? "

Je lui demandais d'un air apeuré :

" Vous pensez quoi de tout cela ? "

Même s'il avait eu peur, je doutais qu'il me l'avoue. Il semblait vraiment être le mâle alpha par excellence. C'était tellement pitoyable... mais important à la fois. Je me demandais quel rôle il jouerait à la fin.

La jeune femme déclara qu’elle avait toujours cru au surnaturel. Je ne répondis rien. Je n’allais certainement pas lui donner raison ni porter de jugement. Elle émit différentes théories, comme quoi nous étions peut-être morts sans le savoir. Elle était curieuse de voir ce fantôme. Pour ma part, je n’avais pas spécialement envie de revoir cette enquiquineuse…

Azel m’interrogea sur Beast et la lune rouge. Je haussais les épaules en secouant négativement la tête pour signifier que je n’en avais aucune idée et que j’étais aussi ignorant qu’elle en la matière. Elle me demanda également ce que je pensais de tout ça. Sincèrement ? Tout ceci était une aberration !

- Honnêtement, je n’en sais rien... Si ce n’est que tout ça n’a aucun sens pour moi. Cet endroit ne devrait même pas exister ! Un hôtel qui séquestre ses hôtes ? C’est un comble quand le concept même d’un hôtel est de pouvoir aller et venir à sa guise, ne trouvez-vous pas ? Parfois j’ai l’impression d’avoir atterrit dans une émission de télé réalité à mon insu et que tout cela n’est qu’une mise en scène de mauvais goût ou alors un cauchemar insensé et j’espère me réveiller bientôt !

Gaston me dit que cet hôtel n'avait aucun sens et ne devrait pas exister. Sur ce point, j'étais d'accord. J'aurai aimé vivre dans un monde où je n'aurai pas eu à le créer de cette façon et de le laisser comme un havre de paix. Il y en aurait partout pour tous ceux qui en auraient besoin. La faim et la précarité n'existerait plus. Tout ceci serait possible, si Era n'était pas aux commandes. Mais, que voulez-vous, on laissait la plus vilaine des divinités gérait l'humanité... Et on la félicitait. Franchement, les gens sont stupides. En parlant de stupidité, l'autre continuait de parler et me dit qu'il pensait que tout ceci était un cauchemar. ne pensait pas si bien dire. Comme quoi, il avait un peu d'instinct, une belle qualité derrière cette tonne de défauts.

" Je me suis déjà pincée ça n'a pas suffit à me réveiller donc je crois que si c'est un cauchemar il faut réussir à battre le maître des lieux... Oui, moi je vois ça plutôt comme un battle royal dont il n'y aura pas beaucoup de survivants. Je vois les résidents mourir les uns après les autres. Franchement..."

Je m'approchais pour lui murmurais à l'oreille :

" Je me demande si le personnel de l'hôtel n'élimine pas les résidents ou attire les bêtes pour qu'elles les dévorent. J'ai vu des appels à l'aide écrits sur les murs de ma chambre. "

C'était réel : il y avait des écritures d'appel à l'aide un peu partout dans l'hôtel. Il suffisait d'être un minimum observateur. Ils étaient réels. Ceci faisait parti du plan, comme le reste. Je ne les avais pas ajouté : pas besoin avec Beast.

Azel s’était déjà pincée et décréta que ça ne l’avait pas réveillé et que si c’était un cauchemar, il fallait réussir à battre le maitre des lieux. Je haussais un sourcil. Elle m’expliqua sa vision des choses qui n’était pas sans intérêt, il fallait bien l’admettre.

Elle s’approcha de moi pour me murmurer qu’elle se demandait si le personnel de l’hôtel n’éliminait pas des résidents. Elle avait vu des appels à l’aide écrit sur les murs de sa chambre.

- Si vous voulez mon avis, j’en ai bien l’impression… Le frère jumeau d’une résidente a été retrouvé sauvagement assassiné dans un couloir de l’hôtel. J’étais avec la sœur quand nous avons entendu un cri affreux. Quand nous sommes allés voir, nous avons trouvé le cadavre de son frère… Je ne vous dis pas le choc... Personne n’a rien vu ni rien entendu, mis à part ce cri au moment du drame…

Je ne souhaitais pas effrayé cette brave résidente, mais mieux valait qu’elle sache à quoi s’en tenir.

- Vous accepteriez de me montrer ces appels à l’aide écrits sur les murs de votre chambre ? Lui demandais-je sur le ton de la confidence.

Peut-être pourrais-je y déceler des éléments d’informations qui pourraient m’être utile… De toute manière, je n’avais pas beaucoup d’autres pistes.

L'ange me confia avoir le même sentiment que moi et me parla de l'assassinat d'un des résidents dont il avait découvert le corps après un cri affreux. Je jouais la fille choquée et murmurais avec une prestation des plus convaincantes :

" Quelle horreur... "

En même temps j'étais sincère. Je n'étais pas pour toutes ces tueries mais c'était le seul moyen d'arriver à mes fins. Heureusement, si tout allait bien, toute cette histoire pourrait être annulée après coup. Il suffisait "juste" que j'arrive à boucler les choses correctement. Enfin, plutôt que les résidents bouclent les choses car tout devait venir d'eux, malheureusement. C'était d'ailleurs à cause d'eux que nous devions en venir à ce stade : sans cela, jamais je n'arriverai au plan final. J'avais proposé une version initiale avec tout de parfait et personne n'avait voulu allait là où cela devait finir.

Gaston reprit la parole et me demanda de montrer les appels à l'aide. N'ayant pas envie de lui cacher quoi que ce soit dont je lui ai parlé, j'accédais à sa requête.

" Oui bien sûr, suivez-moi. "

Je l'emmenais d'un pas rapide et discret à destination. J'allais au niveau de mon armoire, la décalais pour montrer le mur derrière qui était couvert d'inscriptions. On pouvait y lire plusieurs inscriptions avec différentes écritures :

Impossible de sortir
Aidez-moi
La bête
Portes et fenêtres fermées
Résidents sortis ? -> tués

" Voilà, c'est de ça dont je vous parlais. "

La jeune femme fut choquée par mes révélations. C’était tout à fait normal, d’un autre côté, je ne lui apprenais rien, ne faisant que confirmer ce qu’elle pressentait déjà. Pauvre humaine… Si elle savait en plus que toutes ces horreurs, comme elle l’avait si bien nommé, étaient l’œuvre de démons.

Azel accepta de me montrer le message d’appel à l’aide inscrit sur le mur de sa chambre. Elle m’y emmena en pressant le pas, puis après avoir refermer la porte derrière nous, elle s’approcha d’une armoire qu’elle décala légèrement et me montra les fameux messages dont je pus distinguer différentes écritures que je pus décrypter malgré l’apparente urgence dans laquelle ces messages semblaient avoir été écrits :

- La bête ? De quoi peut-il bien s’agir ? De molosses ? Interrogeais-je.

Je me demandais qui pouvaient bien être les auteurs de ces messages. Etaient-ils toujours en vie, quelque part dans l’hôtel ? Si oui, peut-être auraient-ils pu nous en dire plus et peut-être aussi aurions-nous pu les sauver… Mais comment savoir ? Tout le monde ici était sur le qui-vive, certains prenaient peut-être leur incarcération à la légère, d’autres tentaient de s’y accommoder tant bien que mal en espérant que d’autres trouvent une solution à leur place ou que les choses s’arrangent toute seule, allez savoir.

Je haussais les épaules à la question de Gaston et lui dis d'un air incertain :

" Aucune idée. Un molosse ? Ou autre chose. Franchement, plus j'en apprends sur l'endroit, plus je me demande ce que je vais découvrir d'autre. Dans tous les cas, ça fait froid dans le dos. Des fois j'entends d'ici aussi des hurlements... Des gens qui semblent souffrir. Ça ne vous arrive pas ? C'est souvent quand on dort... "

Ceci n'était un mensonge : les résidents pouvaient l'entendre de temps à autre et se rendre compte qu'un résident manquait à l'appel. Enfin, pour peu qu'ils se côtoient. Les cibles étaient souvent bien ciblées et esseulées. Il ne faisait clairement pas bon d'être asocial ici bas. Soit on pactisait avec Beast, soit c'était terminé. Je ne pouvais pas dire tout cela au nouveau mais il était toujours bien qu'il ressente un peu la pression ambiante des lieux. Je le regardais et lui demandais :

" Des fois j'aimerais être une petite souris pour pouvoir espionner le maître des lieux mais je crois que c'est trop dangereux. A ce qu'il parait, les gens rentrent chez eux quand ils demandent une audience... Sauf que je me demande si c'est vrai puisqu'on est sensé être bloqué à l'intérieur à cause des molosses. "

Je me pinçais les lèvres.

" J'ai essayé de casser des vitres mais elles sont d'une résistance incroyable... Pareil pour les portes. "

Azel pensa que ça pouvait être des molosses ou autre chose. Quoiqu’il en soit, nous n’étions pas plus avancer. De même lorsqu’elle décréta entendre des cris. Moi-même j’en avais déjà entendu et c’était également le cas d’autres résidents. C’était à vous glacer le sang. Il suffisait d’être dans la salle à manger en grignotant tout en bavardant pour qu’un de ces cris surgissent, vous donnent des frissons dans le dos et vous coupent l’appétit et toute envie de bavarder. Souvent, les témoins s’interrompaient, se lançaient un regard inquiet, puis reprenaient en s’efforçant de faire comme de rien. Certains n’y réagissaient même plus. D’autres pour qui c’était la première fois se mettaient à paniquer ou au contraire, pensaient à une mise en scène et allaient même jusqu’à trouver cela amusant. De quoi devenir fou.

Azel se méfiait visiblement du maître des lieux. J’acquiesçais. J’étais tout à fait d’accord avec elle. Ca me paraissait bien trop facile d’aller simplement demander au Lord de sortir d’ici pour qu’il nous ouvre gentiment la porte. Mais où disparaissaient donc ces résidents ? J’avais un mauvais pressentiment quant au sort qui leur était réservé…

- Oui, moi de même quand j’ai voulu sortir, j’ai pu me rendre compte de la solidité des portes et fenêtres… Mais je me dis qu’il doit bien exister un moyen de les ouvrir d’une façon ou d’une autre. Vous permettez que j’inspecte un peu plus en profondeur ces inscriptions sur le mur de votre chambre ? C’est que je sais d’expérience qu’il existe des pièces cachées dans cet hôtel. Peut-être y a-t-il un mécanisme ou un objet savamment dissimulé ?

Avec l’accord de l’occupante de la chambre, Gaston inspecta le mur un peu plus en profondeur en tâtonnant du bout des doigts en espérant ne pas activer un mécanisme dangereux...

Le membre 'Gaston Agriel' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Réussite action' :

Gaston remarque que quelqu'un a refermé il y a un long moment 2 petits trous de l'espacement de 2 yeux. Sans doute quelqu'un s'en servait pour regarder ce qu'il se passe.

- Est-ce que c'est un résident qui regardait dehors... Ou quelqu'un qui regardait vers nous... ?
- C’est une bonne question. Répondis-je.

La jeune femme émit l’hypothèse que nous étions peut-être observés et qu’il pouvait y avoir d’autres trous que nous n’aurions pas vus. J’acquiesçais. Je percevais l’inquiétude au ton de sa voix. Je m’efforçais de la rassurer. Je lui suggérais même d’échanger nos chambres si cela pouvait l’aider à se sentir un peu mieux. En effet, j’avais déjà inspecté ma chambre de fond en comble et je n’y avais absolument rien trouvé. Ou alors, j’étais passé à côté de quelque chose ? Cela aurait tout de même été étonnant… Encore que dans ce lieu démoniaque tout était possible.

- Il suffirait de vérifier. Il doit bien y avoir moyen de découvrir ce qu’il y a exactement derrière ce mur. Peut-être y a-t-il un passage secret ? Je sais que cet hôtel regorge de pièces cachées… Une brique sur un mur peut révéler un passage vers l’une de ces pièces, par exemple.

Mais je dois bien admettre que je n’étais pas particulièrement doué pour les trouver. Au contraire, j’avais même le sentiment d’être particulièrement malchanceux. Sans doute était-ce à cause de l’énergie démoniaque qui animait ce lieu. De même que je sentais mes pouvoirs diminués et cette sensation était particulièrement désagréable et même angoissante. Toutefois, je me devais de garder mon sang froid pour faire face à cette situation. Des vies étaient en péril. Je ne pouvais agir inconsidérément. S’il n’y avait eu que ma vie qui avait été menacée, j’aurais encore pu me le permettre et mourir pour Era eut été un honneur. Cependant, cet endroit était peuplé d’humains innocents qu’il fallait absolument délivrés.

- Vous permettez ? Sans attendre sa réponse, je tentais de pousser d’avantage mon inspection dans l’espoir de déceler un passage secret qui nous permettrait peut-être de résoudre le mystère de ces trous dans le mur.